Première
rencontre entre deux passionnés sur le même thème : Le 15 octobre 2021, j’ai accueilli Albin DENIS, pour la première fois. Albin DENIS est un passionné d’aviation. Entre autres, il a écrit le livre sur l’historique de l’Escadron de chasse 1/3 Navarre, de la Base aérienne 133 Nancy-Ochey. Il est également le webmestre du site http://albindenis.free.fr/, dont les chapitres : les escadrilles françaises de la grande guerre, l’historique de l’Escadron de chasse 1/3 Navarre, les insignes homologués de l’armée de l’Air, véhicules blindés et chars, avions et hélicoptères. Je lui ai montré les souvenirs, que je conserve de mon grand-père, originaire de Norroy-lès Pont à Mousson, René MUNIER, aviateur abattu le 15 mai 1940. De nombreux points communs entre
Albin et moi, dont l’Escadron de chasse 1/3 Navarre, sa 3e
escadrille porte l’insigne du SPA 62.
L’acronyme « SPA » trouve son origine dans celui de la
Société de Production des Aéroplanes DEPERDUSSIN. La SPA 62 fut l’escadrille La
SPA 62 est l'escadrille la plus décorée de la Grande Guerre (5 citations à
l'ordre de l'armée) : http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille062.htm. René MUNIER, fit une grande partie de sa carrière à la SPA 62, de l’obtention de son brevet de pilote, en 1931, jusqu’à, probablement la déclaration de guerre, en 1939, où il fut affecté à l’escadrille jumelle du groupe de chasse 2/1, la SPA 94 : http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille094.htm https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Escadrille_SPA_94 Description de la photo : à
gauche, Albin DENIS, à droite, François IUNG, devant des débris du chasseur
Marcel BLOCH 152 (vue à gauche de son énorme moteur de 37 000 cm3),
de René MUNIER (en médaillon) et en bas son insigne, de la SPA 62. Ce premier contact a été
particulièrement riche en échanges et très chaleureux. Albin DENIS propose de
rédiger un chapitre, à la mémoire de René MUNIER, projet que je valide par
François, avec beaucoup d’émotion… A suivre ! Article
Est Républicain, le 29/10/2021 : L’hommage de deux passionnés à un aviateur tombé au combat
Le 14 décembre 2021 : publication de la page dédiée à René MUNIER, mille mercis à
Albin DENIS, pour cet énorme travail de recherches, avec toutes ces nouvelles
informations, comme entre autres : - Son
affectation à la 7e escadrille du 38e régiment d'aviation
mixte de Thionville, le 7 mars 1932… - Une
de ses nombreuses montures, le Gourdou-Lesseure LGL-32… - Des
photos de Chambrées de la 1re escadre de chasse sur la base aérienne
de Villacoublay en 1936… - La
déclaration de guerre… - Le
Terrain d'aviation de Buc, sa dernière affectation… - L’arrivée
à Buc des premiers Bloch MB 152… - La
chronologie de ses derniers jours. http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/Rene_Munier.htm
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/ Service historique de la Défense Centre des Archives à Vincennes Ouvert : - le
lundi de 13h à 17h - du
mardi au jeudi de 9h à 17h Documents consultés en salle de lecture (Jeudi 5 juillet 2012, par Raymonde Autier) : - 1 Aviation militaire – Survol d’un
siècle Colloque
international des 7-8- 10 juin 1999 « En 1940, surpassée,
l’Armée de l’Air française, peu soutenue politiquement et financièrement, fait
encore preuve d’un héroïsme sans faille. Les 1000 victoires aériennes de la
Campagne de France en 1940 sont là pour en témoigner »…. - 2 Histoire de l’Aviation, Bernard Marck
(Flammarion) P.
239 : La grande désillusion « Le
23 août 1939, un Comité de la Défense nationale exceptionnel réunit le
Président Edouard Daladier, Guy Lachambre ministre de l’Air, Joseph
Vuillemin chef d’état major général de
l’Armée de l’Air (et quelques autres). L’Armée de l’air semblait faire bonne
figure avec ses 115 Groupes et ses 17 escadrilles régionales. En réalité, une
faiblesse dramatique due à la rénovation en cours de la Chasse.
Elledisposait de Morane-Saulnier MS 406 et de Curtiss H 75 achetés aux Américains.
Le MS 406 monoplace de 2435 KG, propulsé par un moteur Hispano-Suiza de 860 Ch
équipait 11 Groupes de Chasse et seulement un appareil de transition. Les
aviateurs attendaient les Dewoitine D520 et les Arsenal VG35 seuls capables de
faire armes égales avec l’ « Emil », version du Messerschmitt B
F 109. Ils les toucheront trop tard… après l’Armistice. Le Dewoitine, avec ses
930 Ch, 1 canon de 20 mm, 4 mitrailleuses d’ailes, 8,60 m de long, 10,20 m
d’envergure, d’un poids de 2800 Kg pouvait voler à 525 Km/h sur 990 km et
atteindre en combat, l’altitude de 11 000mètres. Pour
remédier aux carences, un nouveau plan fut imaginé : Constitution de 10
nouveaux groupes de Chasse pour avril 1940 avec l’ambition de disposer de 14
groupes de MS 406, 10 groupes de Bloch MB 152, 8 de Dewoitine D 520 et un
Arsenal VG23. Le
10 mai 1940, 7 sur 33 groupes de bombardement étaient modernisés. Les autres,
avec des appareils condamnés remplirent leur mission. Le
Bloch MB 174, était le meilleur avion de l’époque selon Marcel Dassault (qui
s’appelait encore Marcel Bloch), mais on ne décida de le construire qu'en
Octobre 1939. Il fallait un an pour sortir les 200 premiers appareils. Ensuite
on pouvait compter sur la sortie de 200 appareils chaque mois. Neuf mois, après
la guerre était perdue. Si ces appareils avaient été commandés 2 ans plus tôt… Les
aviateurs français durent compter sur leur héroïsme à défaut d’un matériel
adapté pour freiner la Luftwafffe. » - 3
Atlas des avions de combat français de la première guerre mondiale à nos jours. Contient
les photos en couleur des avions cités Page
29 Morane Saulnier MS 406 Page
207 Potez 631 avec ses caractéristiques : Envergure 16 m, longueur11,07 m,
2 moteurs Gnôme-Rhône 14 m. en étoile de 660Ch., 370 km/h à 4000 m, 1200 Km
distance franchissable, armé de 2 canons de 20mm et d’une mitrailleuse. - 4
634 HIS G C 2 D’après les pages dactylographiées et reliées (Usuels verts) U
531 2 A propos du Groupe de Chasse II/1 Composition
en personnel du Groupe de Chasse II/1 (Page 41)
Le
groupe de chasse II/1 entre en campagne avec : - 26 Dewoitine 510 (modèle complètement périmé et
appareils fatigués par de nombreux voyage en Afrique du Nord), - 3 Potez 631 et 1 Potez 630, avions de « commandement »
triplaces relativement lents et insuffisamment armés. Comment
on a perdu une « bataille » Suit
la relation des longs jours précédant l’attaque du 10 mai où il apparaît
clairement que les pilotes attendent des avions qu’on leur promet et qui
n’arrivent pas. Mais en attendant, ils sont consignés au terrain, prêts jour et
nuit à « décoller ».Ils voudraient aller sur le front, dans l’est de
la France, pour s’essayer et s’aguerrir mais le Groupe est requis pour la
défense de Paris et la région parisienne. Ils font quelques sorties suite à des
alertes souvent fausses ou inutiles et par manque d’intercommunications sûres,
ils se font même tirer par la DCA française qui croit avoir à faire à l’ennemi
(certains avions alliés peuvent prêter à confusion, il est vrai). Aussi, quand
l’un des pilotes croit avoir abattu un ennemi, la DCA revendique l’exploit. Il
arrive même qu’un terrain soit occupé par un meeting aérien quand les
militaires ont reçu l’ordre de s’y installer. Le groupe de Chasse II/1 a été
transféré d’Etampes-Mondésir à Buc où les abords du terrain sont peu praticables
et le terrain lui-même mal entretenu. Les officiers logent au château de Buc,
le poste de Commandement à la Ferme des Loges. Le personnel de troupe et les
pilotes de la troisième escadrille sont logés au Fort de Buc à 2,5 km du
terrain, sans salle de repos. « Depuis
huit mois la salle de repos est demandée à l’Air Régional qui n’a rien donné et
semble faire tout ce qu’il peut pour compliquer la tâche du Commandant
Robillon » (Rapport du Général d’Harcourt). On
peut, parmi d’autres sorties, lire page 71 le récit d’une patrouille en « service
de guet » commandée par l’Adjudant-chef Autier ; page 86, Munier
protège l’avion qui transporte le Général Weygand du Bourget à Reims ;
page 80, les pilotes font un stage de pilotage sans visibilité à Toulouse. Les
pilotes sont impatients de se tester, d’entrer dans la guerre. De
ces pages, le lecteur reste sur une très pénible impression et ne peut
s’empêcher de s’interroger sur les responsabilités du gâchis de mai 1940. Voici,
telle qu’elle est relatée, page 108, la
journée du 15 mai 1940 qui a vu tomber d’héroïques pilotes qui ont accompli
leur devoir : « Cette
première et dure journée de combat (il s’agit du 14 mai) est suivie d’une autre
non moins mouvementée. De nouvelles victoires s’inscriront au palmarès du
Groupe mais aussi de nouveaux deuils viendront l’éprouver. « Laissant
la quatrième escadrille panser ses blessures, la « trois » s’envole
le 15 dans la matinée vers Couvron. La situation sur le front des IXe
et IIe armées est devenue critique. L’ennemi a franchi la Meuse à
Namur, à Mézières. Son avance ne semble plus contenue par nos troupes qui refluent
en désordre. Les bombardements répétés sur les arrières de nos armées semblent
hâter considérablement leur désorganisation. La situation dans cette région est
devenue confuse et échappe au commandement. Au cours de cette journée notre
bombardement a pour tâche de harceler les colonnes ennemies aux débouchés des
passages de la Meuse. En
arrivant à Couvron, les pilotes du II/1 sont accueillis par le Ministre de
l’Air en personne. Celui-ci leur adresse quelques paroles pleines de confiance.
La troisième escadrille dont le potentiel est très diminué n’a pu constituer
qu’une patrouille triple légère commandée par le Capitaine Véniel ainsi
composée : - Patrouille-guide : Capitaine Véniel, Adjudant
Munier - Première patrouille d’accompagnement : Lieutenant
Brun, Sous-Lieutenant Fontaine - Deuxième patrouille d’accompagnement :
Adjudant-chef Autier, Sergent-chef Gaudon « Cette
patrouille reçoit la mission de protéger à partir de 15 heures une expédition
de bombardiers britanniques Bristol-Berheim sur le Pont de Monthermé. Elle
décolle à 14 heures 30, le ciel est clair à l’est mais brumeux à l’ouest,
quelques nuages entre 3000 et 3500 mètres. A
15 heures 17, la patrouille parvenue vers 4000 mètres prend le contact avec
l’ennemi à la verticale de Monthermé : Une quarantaine de ME 109 qui
paraissent couvrir la région. L’une des patrouilles allemandes venant du soleil
pique de 500 mètres de haut sur l’arrière du dispositif de nos chasseurs. Le
Capitaine Véniel n’a pas le temps d’esquiver leur attaque ; son Bloch reçoit
un obus dans le plan de dérive et pique en vrillant. Il ne redresse qu’à 300
mètres du sol et se trouve alors face avec l’un des ME 109 qui l’a suivi dans
son piqué. Il lui tire une rafale à bout portant et voit l’avion ennemi amorcer
une chandelle puis percuter le sol dans la forêt de Château-Regnault. Ne
pouvant plus évoluer avec son plan de dérive arraché, le Capitaine Véniel
rentre à Couvron, poursuivi par deux ME, qui le criblent de projectiles (360
impacts) pendant 10 Km. Les
autres équipiers font aussi face aux assaillants qui les prennent à partie de
toutes parts mais ils sont submergés sous le nombre. Deux de nos pilotes sont
abattus : l’Adjudant-chef Autier et l’Adjudant Munier. Le Lieutenant Brun
s’en tire par un atterrissage forcé. Il raconte le combat : « Durant
toute la mission, la patrouille a conservé un dispositif serré et très mobile.
A 17h17, je vois piquer devant moi le n° 1 (Veniel). Il attaquait l’ennemi pour
dégager le bombardier à protéger. A peine engagé à sa suite, je fus tiré par
une rafale de balles qui atteignit mon appareil (fuselage, pare-brise,
instruments de bord et habitacle).Une grosse fuite d’huile m’inonde mais le
moteur ne marque aucune défaillance. Une balle déviée me frappe le pied gauche
ne provoquant qu’une meurtrissure. Je me suis dégagé en vrille et ai pris la
direction du soleil vers l’ouest. Aveuglé par l’huile qui augmentait la
température je pus atterrir normalement à 3 km de Fraillicourt en bordure de la
route de Rethel à Rizon-sur-Serre. Ayant rejoint à pied tant bien que mal
Fraillicourt…. ». Il arrive à Reims, puis Auxerre, puis Buc. Seuls
Fontaine et Gaudon ont rallié Buc avec leur Bloch.) L’auteur ajoute que les
Bloch 152 se sont comportés magnifiquement. On
peut lire la suite : la débâcle, le sauve-qui-peut et plus tard la
reconstruction du Groupe de Chasse dont il continue l’histoire.
Suite
à ma prochaine visite aux Archives où je dois voir les archives de l’Unité (AIG
7784 et 7785) qu’il faut commander pour une date précise.
Pour
les dossiers individuels, on peut cliquer sur Mémoire des Hommes, Seconde guerre mondiale, Militaires tués durant le
conflit, enfin, remplir le Formulaire http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/index.php
Résultats : Munier René Henri né le 16/05/1913 à Norroy sur Vair (Meurthe et Moselle), Groupe 2/1 - Dossier A C-21P-106706 Autier Raymond Désiré né le 8/02/1907 à Paris 4, Groupe 2/1 - Dossier A C – 21P-10818 Il se peut que les archives départementales du lieu d’incorporation aient des dossiers ou des informations. http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/ Réponse de Monsieur le Général de Brigade Paulus, François Iung, fils aîné de la fille Anne, de René Munier.
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